Denise Amyot,
Présidente-directrice générale de Collèges et instituts Canada
La COVID-19 nous a poussés à innover comme jamais auparavant. Nous avons en effet dû composer avec une nouvelle réalité faite d’éloignement social, de télétravail et de limitation des déplacements. Maintenant que nous avons entamé une réflexion sur la reprise après la pandémie, il est certain que l’un des facteurs clés pour sa réussite réside dans notre capacité à innover. Nous sommes chanceux au Canada. Notre réseau des collèges et instituts prouve depuis des années, et encore plus depuis le début de la pandémie, que les établissements postsecondaires occupent une place essentielle dans le milieu de l’innovation.
Plus de 95% des Canadiennes et des Canadiens vivent à moins de 50 km de leur collège ou institut
local. Il existe peu d’autres établissements qui peuvent se targuer d’apporter un tel impact positif, et ce, dans tout le pays. Nous pouvons dès lors affirmer que les centres de recherche appliquée ont un réel impact sur les Canadiennes et Canadiens et leurs collectivités, ainsi que les entreprises qui y sont localisées. Cela est d’autant plus valable pour les petites et moyennes entreprises (PME), frappées de plein fouet par la pandémie.
Les PME du Canada n’ont en général ni la capacité, ni les outils et les réseaux nécessaires pour entamer la recherche de pointe et le développement de nouveaux procédés pourtant indispensables à leur prospérité. Le défi est énorme lorsque notre monde se retrouve bouleversé presque du jour au lendemain. En travaillant directement avec des milliers de PME pour leur construire une passerelle vers l’écosystème de l’innovation, les collèges et instituts leur ont apporté le soutien nécessaire pendant la pandémie. Et cela sera encore le cas pendant les mois à venir.
Avec leurs étudiantes et étudiants, les collèges et instituts ont contribué à de nombreux projets pour épauler le Canada dans sa gestion de la pandémie. Ceux-ci vont de la conception de respirateurs et d’équipement de protection personnelle pour les travailleurs de la santé en utilisant des techniques de production avancées, dont l’impression 3D, à l’exploitation de ressources infonuagiques pour concevoir un outil de suivi en temps réel des foyers de COVID-19.
Cela fait maintenant dix ans que les étudiantes et les étudiants sont impliqués dans les activités de recherche appliquée des collèges et instituts. Et leur participation ne cesse de croître. En 2017 et 2018, les membres de CICan ont formé plus de 7300 partenariats ayant abouti à plus de 4400 prototypes, produits, processus et services. Et 87% de ceux-ci ont vu le jour en moins d’un an. Plus de 77% des partenaires provenaient du secteur privé et étaient en majorité des PME.
Les collèges et instituts s’efforcent d’abord de répondre aux besoins de leurs collectivités et d’apporter des solutions concrètes aux problèmes des entreprises locales. Il est donc naturel pour eux d’apporter une large contribution à la reprise de l’après COVID-19 et à aider ces entreprises à fonctionner dans ce qui sera pour elles une nouvelle normalité. Les étudiantes et les étudiants impliqués mettent à profit leur vision novatrice et leur ingéniosité, ce qui leur bénéficie tout autant qu’aux employeurs.
Les collèges et instituts peuvent également aider le gouvernement dans son objectif plus large de
« mieux reconstruire. » Une attention particulière sera portée à une reconstruction économique
verte et durable. Là encore, il faudra passer par l’innovation. Les collèges et instituts possèdent l’expertise nécessaire à cette transition.
Toujours en 2017 et 2018, la moitié des collèges et instituts du Canada ont mené des recherches sur les technologies et les énergies propres. Qu’il s’agisse de tester de nouveaux véhicules électriques pour vérifier leur bon fonctionnement dans les climats froids ou d’améliorer l’efficacité des procédés de fabrication, ces projets aident directement les collectivités à devenir plus écologiques tout en apportant le soutien nécessaire à des milliers de PME qui contribuent à ladurabilité de l’économie canadienne.
En travaillant directement avec des milliers de PME pour leur construire une passerelle vers l’écosystème de l’innovation, les collèges et instituts leur ont apporté le soutien nécessaire pendant la pandémie. Et cela sera encore le cas pendant les mois à venir.
Le prochain budget fédéral se concentrera certainement sur la reprise économique. Il est dès lors important de maximiser le potentiel d’innovation des collèges et instituts. Nous pensons qu’un investissement de 165 millions de dollars sur deux ans dans le Programme d’innovation dans les collèges et la communauté (PICC) donnerait aux collèges la capacité de recherche appliquée nécessaire à aider les entreprises et les collectivités à survivre aux difficultés engendrées par
la pandémie de COVID-19 et à suivre les ajustements de l’économie.
Idéalement, 85 millions sur deux ans favoriseraient les subventions de réaction rapide et d’entrée et permettraient d’améliorer ou de concevoir de nouveaux produits ou services, dont ceux nécessitant une adoption de technologie et une innovation verte. Les 80 millions restants permettraient aux collèges d’impliquer leurs partenaires, et parmi eux les PME, dans des projets de recherche appliquée aidant à la reprise de leurs collectivités.
Une aide accrue aux bureaux de durabilité des collèges favoriserait également la collaboration avec les partenaires communautaires et les municipalités pour amener sur le marché du travail des diplômés capables de soutenir des collectivités carboneutres, diverses et résilientes. Outre un nouveau fonds pour infrastructures vertes permettant de moderniser les campus du pays, les collèges et instituts verraient grandement s’accroître leur capacité à combler les besoins en développement des compétences des employeurs, à soutenir l’innovation par le biais de la recherche appliquée et à contribuer au redémarrage d’une économie inclusive et durable.